Les chronomètres HEUER Trackmaster

Jusqu’à la fin des années 50, les chronomètres HEUER sont classés dans les catalogues par leur unité de temps de base (1/5eme, 1/10eme de seconde…) ou parfois leur domaine d’application (médical, yacht…). Ils semblent s’adresser à un public de professionnels et excepté quelques modèles de compteurs de bord, ils sont désignés par un numéro de référence anonyme (ref. 901, ref. 9901,…). A partir de la fin des années 50, des noms commerciaux plus facilement mémorisables apparaissent : la gamme “century line” (1959), proposant des chronomètres plus lisibles et équipés de nouveaux boitiers, le “ring-master” ou un trackmaster. C’est la première fois que le nom trackmaster est employé par HEUER pour nommer un chronomètre. C’est un modèle rare et diffèrent de la gamme de chronomètre qui reste peu de temps dans les catalogues de la société. Le nom trackmaster est réutilisé quelques années pour la gamme de chronomètres qui est le propos de cet article.

A partir de la toute fin des années 60 HEUER-Leonidas crée une ligne de chronomètres économiques pour une clientèle grand public. Les plus populaires sont les références 8042 et 8047 de la série Trackmaster. Un catalogue HEUER des années 70, annonce 100 000 unités vendues en un an ! [1]
L’ancêtre de ces deux modèles est la référence 8041 (plus rare) que l’on peut trouver dans un catalogue de 1968 [2] . Cependant, elle disparait rapidement des documents commerciaux de HEUER, remplacée par la référence 8042.
Ces chronomètre étaient relativement bon marché. Dans un catalogue de 1972, on les trouve à 22$ [3] (pour avoir une idée, un cheeseburger de mac-donald coutait 0.33$ [4]).
Le 8042 et 8047 (ainsi que le 8041) ont été présentés comme des chronomètres multidomaines. Néanmoins le 8047, d’une précision de 1/5em de seconde a un compteur central avec des marquages pour faciliter le chronométrage de rencontres sportives.

Le mécanisme (8040 ou 8045) à 1 rubis avec ancre à goujon est évidemment moins précis qu’un calibre 7 rubis avec une ancre à rubis. Cependant la dérive de -1/+3 secondes [5] par heure est largement suffisante pour un chronométrage d’activités sportives amateurs [6] . Le modèle 8047 de la vidéo a d’ailleurs été testé à +1.5s/+2s par heure [7] . Plutôt pas mal pour un
chronomètre de 40 ans !
Tous les trackmasters fonctionnent avec 3 commandes : la couronne verte pour démarrer et reprendre, le bouton gauche rouge pour stopper et le bouton noir de droite pour réinitialiser.

Les couleurs flashy sont assez fun et bien différentes du design classiques des chronomètres century. Ces modèles étaient disponibles en “blanc, rouge, bleu, noir et argenté”. Pas de doute, ils datent bien des années 70.
Ils peuvent faire penser un peu penser à des jouets [8] . HEUER ciblait-il les enfants ? [9] Peut être… La publicité ci-dessous issue d’un exemplaire du “journal de Tintin” de 1970 fait la promotion du trackmaster. Le style est famillier et le tutoiement est utilisé : “As tu ton chronomètre LEONIDAS”. On note que la publicité mentionne la marque Leonidas plutôt qu’HEUER. Les trackmaster 8041, 8042 et 8047 font partie des rares références (si ce ne sont pas les seules) à porter la marque Leonidas ,après le rachat de la société, en 1964, par HEUER.

1. Des nouvelles gammes dites économoniques

Pendant les années 70 et 80, HEUER étend son offre de chronomètres grand public avec boitiers en plastique. De nouveaux produits, aux noms évocateurs, sont inscrits dans les catalogues commerciaux de la manufacture : CAN-AM, clubmaster, supersport ou roadmaster.

A partir de la seconde partie des années 70 HEUER entreprend d’équiper des chronomètres grand public de boitiers métalliques. De nouvelles gammes de chronomètres à goupilles sont proposées, certaines avec un mouvement à un rubis (trackmate …), d’autres avec un mouvement à 7 bijoux (trackstar …).

2. Nouveaux chronomètres trackmaster

La famille trackmaster est complétée par les références 8032 et 8037, similaires aux 8042 et 8047 mais avec un boîtier métallique classique. Bien que rapidement disparu de la documentation commerciale et commercialisé sous la marque Leonidas, le 8041 a également sa version métallique ; c’est le 8031, difficile à trouver et présenté dans quelques catalogues des années 80.

En 1986, peu de temps après la reprise de HEUER par Tag (1985), les 8042 et 8047 sont remplacés par les 8062 et 8067, deux modèles à boîtier plastique vendus sous le nom commercial “super sport”. Les références 8032 et 8037 sont toujours produites et commercialisées sous le label trackmaster. Ces noms commerciaux sont définitivement abandonnés au début des années 90.